mardi, mars 14, 2006

JLG : champ et contre-champ


Notre Musique, 2005 - Jean-Luc Godard

Int. Jour.

Godard devant quelques élèves. Deux photos en main.

La première, de 1946, montre des Juifs débarquant sur une plage pour fonder l’état d’Israël (dixit Godard).

La seconde, vingt ans plus tard, sur une plage où des Palestiniens courent vers la mer pour fuir l’armée israëlienne.

Champ.
Contre-champ.

Comprendre le cinéma par le monde.
La philosophie du cinéma sur et dans le monde.
Un champ et un contre-champ vers un troisième.

***

Jean-Luc Godard-Elias Sanbar par Christophe Kantcheff
Politis
Dimanche, 16 janvier 2005
www.politis.fr/article1213.html
Extrait sur le champ et contre-champ

(Question dans la salle sur le 11 Septembre « mis en scène par un démon ».)

J.-L. G. : Je ne pense rien du 11 Septembre. En revanche, le mot « démon » me fait penser aux équations de Maxwell, à la fin du XIXe siècle, que la mécanique quantique, ensuite, a résolues par la théorie en montrant qu’une particule peut être à deux endroits à la fois, et que si, d’un troisième endroit, on observe la vitesse de cette particule, qui pourrait être un photon, on ne peut savoir où elle se trouve. C’est ce que j’appelle le vrai champ/contre-champ, qui est une figure connue du cinéma mais qui n’a jamais été utilisée comme telle. On a utilisé un autre champ qu’on appelle contre-champ, mais en réalité ce n’est pas cela. Et Maxwell se demandait comment on pouvait ainsi passer d’un endroit à un autre. Il ne trouvait pas la solution théorique. Il a donc appelé ce transfert le « démon ». C’est resté dans le jargon scientifique comme le « démon de Maxwell ». Ce qui est étrange, c’est qu’il a appelé cela le démon et pas le saut de l’ange, par exemple.

À propos du contre-champ, j’ai lu dans une revue (2) cette anecdote à propos du physicien Niels Bohr, qui aimait beaucoup le cinéma, et qui, en voyant un western avec Tom Mix, a fait ce commentaire : « Que le bandit se sauve avec la jolie fille, c’est logique. Que le pont s’effondre sous leur carriole, c’est invraisemblable mais je le crois volontiers. Que l’héroïne reste suspendue entre ciel et terre au-dessus du précipice, c’est encore moins vraisemblable, mais je l’accepte aussi. Je tiens même aisément pour vrai qu’au même moment Tom Mix accoure sur son cheval pour la sauver. Mais que l’opérateur ait pu au même moment se trouver là et enregistrer sur la pellicule toute cette diablerie, voilà qui excède les limites de ma crédulité. » Si vous voulez, cette anecdote donne une idée de ce qu’est la mécanique quantique. Et la présence de cet opérateur donne le sentiment du vrai contre-champ.

Croc Blanc a.k.a. un morceau de viande dans la bouche


1 Comments:

Blogger M. Darmon said...

Chers amis en Godardie,
Cadeau de Noël 2007? J'ai moi-même tenté d'écrire quelque chose sur "Notre musique"
http://docs.google.com/Doc?id=dhn87f8k_296cb3s93
qui rejoint un peu le fil de votre discussion.
Godardien en diable, mais un peu troublé par ses poses de penseur, j'ai aussi écrit des choses sur "Filmer après Auschwitz"
http://docs.google.com/Doc?id=dhn87f8k_308gmj3fm
Je propose aussi une pêche de ses vidéos sur différents lieux du web. http://docs.google.com/Doc?id=dhn87f8k_294d5htqf
dont le magnifique Ubuweb:
http://www.ubu.com/
Je vous donne donc tous ces liens. Il y a beaucoup d'autres choses sur Godard dans mon site "Ralentir travaux" par ailleurs:
http://maurice-darmon.blogspot.com/
Merci et courage: il en faut toujours pour JLG. Mais je trouve toujours beaucoup de choses, et ça se voit mieux quand c'est un peu raté. MD

12:03 p.m.  

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