dimanche, mars 26, 2006

Film du jour : On est loin du soleil


On est loin du soleil, 1971 - Jacques Leduc

Int. Jour. Appartement.

Une jeune cancéreuse approchent la mort. Quelques jours encore. Toutes les actions du quotidien deviennent rituels de derniers moments. Se peigner. Ranger un vase sur une commode. La charge de son drame dans ses actions.
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Int. Jour. École.
Comment résoudre l'histoire, le poids du temps, en un plan et une action ? Plan séquence. Un concierge traverse un long corridor. Au rythme de ses pas, défilent aux murs les photographies mosaïques de finissants, une année après l'autre.
Trente années plus tard, Sokurov reconstruit, filme puis montre son histoire de la Russie. Il met en scène, dans un plan séquence de 96 minutes, l'errance d'un aristocrate français du 19e siècle à travers les corridors de l'Hermitage, bondés de figures historiques fondatrices de l'idée russe, et entre ses murs chargés de tableaux et sculptures - traces du passé.
Même démarche, autre Temps/temps.
L'Arche Russe, 2002 - Aleksandr Sokurov
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Jacques Leduc
Jean-Pierre Bastien et Pierre Véronneau
Cinéaste du Québec, numéro 12, juillet 1974, 96 pages
Conseil Québécois pour la Diffusion du Cinéma

Nous avons remarqué que tu as une affection pour le plan séquence.

LEDUC : Y faut pas dire ça comme ça; c’est à cause du sujet. Le style d’un film tu l’inventes pas, il est imposé par le sujet. C’est pas un «trade mark» le plan séquence. C’est parce que les sujets que j’ai choisis le nécessitaient.
C’est quoi ton langage ?

LEDUC : On s’applique à trouver un langage filmique et québécois, sur des préoccupations qui nous appartiennent davantage. Je ne pense pas avoir un langage spécifiquement québécois, mais c’est vers quoi on tend. T’as pas le choix, c’est ça, c’est le social qui te détermine. Je ne suis pas autre chose que la somme… je suis fabriqué par l’environnement, je ne suis pas déterminant sur lui; c’est lui qui l’est sur moi. En ces termes, je n’ai quasiment pas le choix des sujets. L’environnement me les impose; je les choisis, mais dans l’environnement. Être cinéaste, c’est montrer ses déterminismes.
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Petits mots.
Penser être la somme de ses déterminismes et conditionnement, je le crois.
Par contre, dire que le cinéaste n'agit pas sur le social détruit en soi l'acte cinéma, en niant la communauté de production et l'acte de projection, le public.
Réussir le cinéma par la lumière: capter, monter et projetter.
Le cinéma, c'est toujours de la propagande.
Croc Blanc a.k.a. des mots-maux de dimanche...