mardi, mars 14, 2006

Le merveilleux désobéissant

Le jeudi 09 mars 2006

Le metteur en scène André Brassard a connu des hauts et des bas. Il est le sujet du documentaire Le Diable après les cuisiniers, projeté au FIFA.

André Brassard, le merveilleux désobéissant
Mario Girard
La Presse
Sa vie est aussi extraordinaire que tragique. Son apport au théâtre québécois, incommensurable. Un film s'imposait. Dans le documentaire Le Diable après les cuisiniers, les cinéastes Alexandra Oakley et Patrick Bossé proposent un regard sensible sur cet être énigmatique et attachant qu'est André Brassard.

Dans ce film de la série Paroles d'artistes de l'UQAM, présenté en primeur au Festival du film sur l'art, Brassard - le seul metteur en scène québécois pouvant se passer de prénom - parle d'abord de sa famille. Douleurs. Épreuves. Mais aussi enchantement du théâtre. Années 60. Théâtre contemporain. Les Belles-Soeurs. Consécration. Il devient diable. «Jusqu'à l'arrivée de Brassard, le metteur en scène, c'était le cuisinier», dit un Robert Lepage admiratif. Le théâtre. Toujours lui. Que lui. Brassard dit pourquoi cet art l'a happé. «J'ai toujours voulu savoir ce que les auteurs veulent dire. J'en suis venu à la conclusion que les seules personnes capables de dire exactement le fond de leur pensée sont celles qui font des publicités.» Ça, c'est Brassard. L'intelligence palpable. Le spectateur a d'ailleurs droit à une démonstration (jusqu'ici réservée aux acteurs) de ce qu'il maîtrise le mieux dans la vie: la décomposition d'un texte. À coups de jurons, d'exemples concrets, de questions et d'autres jurons, il extrait la substantifique moelle de chacune des répliques et vient les poser une à une sur les lèvres des acteurs. Moment de grâce.

Ainsi, le film est bâti autour d'allers et retours entre une longue entrevue réalisée dans son bureau et un travail de lecture autour de Racine qu'il réalise avec quelques comédiens: Rita Lafontaine, Patrick Goyette, Marie-France Marcotte...

On aurait pris plus de propos de Brassard, ou alors plus de travail de mise en scène, ou alors plus de témoignages d'amis. Bref, on reste sur notre faim. Est-ce la faute aux cinéastes ou à Brassard qui se laisse découvrir au compte-gouttes?

Puis, les aveux: l'hyper consommation de cocaïne. Et le drame: un AVC qui le laisse diminué. Et des souhaits: «Il me semble que si on m'amenait trois après-midi par semaine dans une salle de répétition, je pourrais encore faire du travail avec les acteurs.»

Triste fin que propose ce documentaire. Il se conclut sur d'atroces paroles de Brassard. «Il me reste à attendre que le temps passe.» Ces mots, on ne veut pas les entendre. Mais Brassard est désobéissant. Jusqu'à la douleur.
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LE DIABLE APRÈS LES CUISINIERS, un film d'Alexandra Oakley et Patrick Bossé, le 10 mars à 19h et le 18 mars à 21h30 à l'Auditorium de la Bibliothèque nationale.

1 Comments:

Blogger Philippe Papineau said...

- Two thumbs up
Jack London

- J'ai pleuré dans deux films: La guerre des tuques, pis à la fin du Diable après les cuisiniers.
José Théodore

- Faudrait pas manquer la prochaine diffusion, samedi le 18 mars, dans le cadre du FIFA. Achetez vos billets dès maintenant, ça débordait l'autre jour...
Philippe Papineau

11:20 p.m.  

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