mercredi, avril 26, 2006

Journal de bord : Gilles Pelletier, page 4

OBJECTIF :

¤ Définir Gilles Pelletier comme acteur important dans la définition de la culture canadienne française à travers son travail d’acteur et de fondateur d’une compagnie théâtrale.
¤ Partir de son expérience comme métaphore du cheminement socioculturel québécois.
¤ Parvenir à montrer un homme dont les passions s’éloignent graduellement de lui : le théâtre, la navigation, un Québec souverain…
¤Explorer la métaphore du Simple soldat, , le combat du petit
canadien français. D'autant plus que dans le Télé Théâtre de la pièce de Dubé, Gilles Pelletier est absolument incroyable.

1 - LE MÉTIER D’ACTEUR
En partant de pièces dans lesquelles Gilles Pelletier à jouer, établir les moments clés de sa carrière et les concepts qui animent son jeu :

A – CONCEPTS
¤ Le texte : L’apprendre, puis le désapprendre.
¤ La méthode : Non pas l’addition des «Il faut que…», mais le chemin parcouru.
La mémoire des situations, de l’évolution des personnages.
¤ Respiration : Secret de ce que vit le personnage.
¤ Partenaire : Découvrir la vérité du personnage par l’autre, par les regards.
¤ Metteur en scène : Aider l’acteur à renouveler son jeu, sortir de ses automatismes.
¤ Technique : Se libérer par la technique.
Revenir aujourd’hui aux petits détails.
Pas de style sans naturel.
¤ Public : Théâtre comme art de révélation.
Le tenir sans artifice.

B - POINTS TOURNANTS
¤ Ses débuts en jeu, s’amusant à répéter chez lui avec sa sœur Denise Pelletier
¤ Première pièce à St-Jean d’Iberville, où il se sent vide devant le public, en état d’imitation sans générosité.
¤ Moments de révélation vers la maîtrise de son travail pour toucher le public :
- Par la présence dans Le temps de vivre
- Par l’énergie dans Brutus
- Par La parole dans Six personnages en quête d’auteur
¤ Moments grâce : Découverte de sa capacité à acter.
Parvenir parfaitement à être vrai sur scène, une certaine transcendance de la technique pour parvenir à l’incarnation totale.

2 – PAROLES CITOYENNES
Les différents étapes dans la vie et la carrière de Gilles Pelletier épousent de près l’évolution du Québec. Il a été témoin et acteur de son effervescence culturelle, participant à la prise en charge du peuple, jusqu’à l’activisme politique. Il incarne aujourd’hui un certain désillusionnement face à la réalisation du projet souverainiste, demeurant toujours convaincu de ses idées.

A – RACINES :
Provenance d’une famille «mi bohème, mi intellectuelle». De descendance d’agriculteur. Partage sa vie entre la terre agricole et l’eau pour naviguer. Il entre même dans la Marine française pendant le Seconde Guerre mondiale.
B – TÉMOIN ET ACTEUR :
Participe à l’effervescence culturelle du Québec à partir de la Deuxième Guerre mondiale en tant qu’acteur. Il poursuit sa passion maritime pour le reste de sa carrière, au point tel que ses escapades estivales en bateau l’obligent à refuser des rôles. Ses épisodes en bateau ne sont cependant pas des fuites, mais plutôt des moyens de se retrouver
C - RESPONSABILISATION :
Construire le Québec de demain par l’éducation : instaurer une culture commune.
Il forme la Nouvelle Compagnie Théâtrale avec Georges Groulx et Françoise Gratton, sa conjointe.
D - ACTIVISME :
Il participe à des événements culturels à saveur politique pour manifester sa ferveur souverainiste. Exemple marquant : Discours de la St-Jean Baptiste par Gilles Pelletier, sur les plaines d'Abraham, Québec 23 juin 2001. (Voir l’Annexe pour texte complet).
E – INTERROGATION :
Se questionne aujourd’hui. La formation d’un État québécois est-il toujours possible ? souhaitable ?
***

* ANNEXE

Discours de Gilles Pelletier - 23 juin 2001

Un peu plus haut, un peu plus loin,
On veut tous aller un peu plus haut un peu plus loin.
On rêve tous de vivre vieux et en santé,
De faire le tour du monde.

On rêve aussi de gagner à la loterie
Et de rencontrer l'amour de sa vie,
Y en a même qui osent rêver d'un pays.

C'est bien de rêver,
C'est là que ça commence;
Mais c'est pas là que ça finit.

J'suis un vieux capitaine,
J'ai sillonné les eaux du fleuve et du golf Saint-Laurent,
J'ai bourlingué dans tous les théâtres
Vous m'avez accueilli chez vous, au petit écran,
Mais ce soir, sur les plaines d'Abraham,
C'est le Québécois qui est sorti.

Ce soir, j'suis v'nu vous dire
De prendre vos rêve pour la réalité,
Et la seule façon d'y arriver,
C'est d'aller un peu plus haut, un peu plus loin.
Évidemment, quand on marche vers son destin,
Faut avoir le pied marin.
Si on veut pas se mouiller,
On peu toujours rester au quai.

Ce soir, je m'adresse à tous les Québécois
Qui ont envies de bouger,
Et aux jeunes, en particulier.
J'vous trouve beaux, les jeunes
J'entends votre désir,
J'vous sent prêts à vous embarquer

J'vous sent prêt à vous embarquer
Alors que moi, faut bien le dire,
J'ai passé l'âge des grandes traversés en solitaire;
J'ai besoin d'un équipage;
Sans équipage, j'peux plus prendre la mer.

Ce soir, je suis venu vous dire
Que j'ai besoin de vous.
Je rêve de naviguer avec vous,
Mais parfois, y'a d'la brume,
Et mon horizon est bouché.

J'veux pas casser l'party
Mais j'vais quand même vous l'avouer,
Parfois, quand je pense à vous,
J'ai le cœur serré :
Quand vous décrochez,
Quand vous cherchez des paradis,
Parfois, à ces moments-là,
Je m'demande, si on vous a assez aimés.
Si on vous l'a assez dit.
Et puis parfois,
Quand j'vous entends parler,
J'ai un peu peur.

Vous. vous m'inquiétez;
Vous dites que l'français est rebelle,
Qui s'laisse pas facilement apprivoiser,
Mais toutes les langues ont leurs difficultés.

Le français, c'est la clé d'notre identité.
Si vous l'aimez,
Il vous tiendra toujours la main,
Alors que si vous n'l'aimez pas assez,
Un jour, il en mourra,
Et vous serez orphelins.

Vous devez vous dire :
« Hé! le vieux! arrête tes grands sermons »
Ne le prenez pas mal,
J'suis pas v'nu vous faire la leçon,
Non! Non! Non!
Ce soir, j'suis v'nu vous dire
Que le Québec a besoin de vous.

Je vous entends et j'ai confiance;
Je sais qu'au delà des générations,
Nous partageons le même élan,
La même passion;
Si vous voulez,
Nous naviguerons sur le même voilier;

J'resterai à la barre
Pendant que vous grimperez au grand hunier.
Nous jetterons l'ancre
Pour accueillir ceux qui ont le désir de faire le voyage avec nous;
Au passage, nous saluerons toutes les nations
Qui ont pagayé sur ces eaux,
Bien avant nous.

Nous naviguerons sur les plus grands océans
(Les humains sont partout)
En n'oubliant jamais
Que l'chemin du monde
Passe d'abord par chez nous.

Sans les vielles souches comme moi,
Et les jeunes pousses comme vous,
Y'a pas d'voyage,
Y'a pas d'rêve,
Et y'a pas d'rendez-vous.

Ce soir, j'suis v'nu vous dire
Que le pays à besoin de nous.
Bonne fête Québec !
Croc Blanc a.k.a. à pas de loup