mardi, juin 20, 2006

Film du jour : Il Posto

Il Posto, 1961 - Ermanno Olmi
Domenico, adolescent de la trempe de ceux qui ont grandi trop vite, tombe amoureux d'une jolie italienne, rencontrée pendant des tests d'aptitude pour travailler au coeur d'une grande entreprise : «Une entreprise où tu ne seras pas payé cher, mais où tu pourras travailler toute ta vie», lui disent ses parents.
Même si les deux jeunes sont tous deux acceptés, ils sont séparés dans différents services de la compagnie. Le jeune homme gauche utilise alors toutes sortes de stratagèmes pour la revoir, réussisant à quelques reprises, sans jamais retrouver le bonheur intime de leurs premiers moments.
***
Deux moments uniques au film, touche sensible d'écriture au scénario et à la réalisation.
Un longue scène au coeur d'une salle de travail dans le département administratif. Parcours des différents bureaux où chacun s'affairent à autre chose que travailler. Cocasse, efficace. Une belle bureaucratie.
Fracture dramatique. Le récit éloigne le spectateur de Domenico, le protagoniste principal, vers une succession de scènes dans le domicile de nombreux personnages rencontrés jusqu'à ce moment. L'hétérogène pour montrer la diversité d'une même classe sociale, ses rêves, bonheurs et détresses.
Croc Blanc a.k.a. The Big Bad Wolf

Film du jour : Sonate d'automne



Sonate d'automne, 1978 - Ingmar Berman

Bergman est maître dans l'architecture d'un film, la construction des images successives.

Passage en fondu enchaîné, entre une femme qui se confie à sa mère et des souvenirs d'enfance douloureux :

Le visage de Liv Ullman qui se fond
en petite fille regardant sa mère la quitter,
au coeur d'un large cadre divisant des pièces.

L'encadrement comme vortex de la mémoire.

Croc Blanc a.k.a. Huskies de Rouyn-Noranda

Film du jour : Le trou

Le trou, 1960 - Jacques Becker

Dans la canalisation d'une prison, deux détenus préparent une évasion.
L'un creuse un tunnel ; l'autre fabrique une clé artisanale.
Le deuxième montre sa clé au premier, qui acquiesse devant son efficacité.
Ils retournent à leur besogne.
Juste un petit coup d'oeil du deuxième vers un sablier avant de se remettre au travail.
Rendre la tension vraie.


Croc Blanc a.k.a. The Three Little Pigs

mardi, juin 13, 2006

Film du jour : L'homme qui aimait les femmes

L'homme qui aimait les femmes, 1977 - François Truffaut

Flashback.
Passé en noir et blanc.
Un homme qui écrit ses aventures avec les femmes raconte la découverte dans sa jeunesse, monté sur un petit tabouret, d'une boîte pleine de correspondances amoureuses appartenant à sa mère - rappel des lettres disposées dans un tiroir qu'il reçoit par ses amantes.
Présent en couleur.
Le même tabouret apparaît dans une scène préalable, alors que le même homme sort la machine à écrire à partir de laquelle il tapera ses souvenirs.
La somme du futur par l'accumulation des gestes passés.
Le déterminisme d'un amoureux des femmes, dès sa tendre enfance.
Une réflexion à partir d'un simple objet. Le même à différentes époques.

***



Réplique :

On ne peut pas faire l'amour toute la journée. C'est pour cela que nous avons inventé le travail.

Aucune femme n'est pareille. Chacune a quelque chose d'unique et d'irremplaçable.

Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tout sens, lui donnant son équilibre et son harmonie.

Croc Blanc a.k.a. Noms communs: Loup, loup gris, loup vulgaire / Nom scientifique: Canis lupus

lundi, juin 12, 2006

Histoires du soir : Rembrandt par Genet

Autoportrait, 1665 - Rembrandt

Je suppose qu'au fond il se foutait d'être bon ou méchant, coléreux ou patient, rapace ou généreux... Il fallait n'être plus qu'un regard et une main. De surcroît, et par ce chemin égoïste, il devait gagner - quel mot ! - cette sorte de pureté si évidente dans son dernier portrait qu'elle en est presque blessante. Mais c'est bien par le chemin étroit de la peinture qu'il y arrive.
Si je devais, schématiquement, grossièrement, rappeler cette démarche - une des plus héroïques des temps modernes - je dirais qu'en 1642 - mais l'homme n'était déjà pas banal - le malheur surprend, désespère un jeune ambitieux, plein de talent, mais plein aussi de violences, de vulgarités et d'exquises délicatesses.
Sans espoir de voir un jour le bonheur réapparaître, avec un effort terrible, il va essayer, puisque seule la peinture demeure, de détruire dans son oeuvre et en lui-même tous les signes de l'ancienne vanité, signes aussi de son bonheur et de ses rêves. À la fois, il veut, puisque c'est le but de la peinture, représenter le monde, et à la fois le rendre méconnaissable.
[...]
Cet effort l'amène à se défaire de tout ce qui, en lui, pourrait le ramener à une vision différenciée, discontinue, hiérarchisée du monde : une main vaut un visage, un visage un coin de table, un coin de table un bâton, un bâton une main, une main une manche...
Jean Genet, Le secret de Rembrandt - 1958
***
Au monde il existe et n'existera jamais qu'un seul homme. Il est tout entier en chacun de nous, donc il est nous-même. Chacun est l'autre et les autres.
Jean Genet, Ce qui est resté d'un Rembrant déchiré en petits carrés bien réguliers, et foutu aux chiottes
Croc Blanc a.k.a. Coyotes de Phoenix

Film dujour : Les Diaboliques


Les Diaboliques, 1955 - Henri-Georges Clouzot

Int. Soir. Salon d'appartement.

Une femmes s'apprête à empoisonner son mari.
Quelques gouttes de somnifère dans une bouteille d'alcool.
La suite du stratagème : le noyer dans la baignoire une fois endormi.
Sur la table, un verre vide et la bouteille-piège.
Incertaine, la femme regarde ses armes.
Le mari entre finalement dans l'appartement.
Une chicane de ménage.
Toujours la bouteille et le verre sur la table
Symmétrie : même plan, autre côté de l'axe.
L'homme prend finalement un verre vers sa condamnation...

Armes latentes, la menace des objets comme procédé de suspense.

***

Inspiration d'Hitchcock pour Psycho.
Résonnance thématique : la menace de l'eau.

Les Diaboliques : le bain pour la noyade, l'inertie de la piscine où réside un cadavre.
Psycho : la douche fatale, le marais cercueil.

Croc Blanc a.k.a. coeur de loup

mardi, juin 06, 2006

Film du jour : Où êtes-vous donc ?

Où êtes-vous donc?, Gilles Groulx - 1969

Premières minutes épatantes.
Fragmentation du récit et fracture de style au son et à l'image.
L'image :
Entre caméra épaule ou fixe,
couleur naturaliste ou bichromie ou noir et blanc,
montage elliptique, de répétition,
frontalité du sujet, plongée / contre-plongée presque totale,
échelle des plans extrêmes - de très gros plan à ensemble maximal,
une même action en long plan fixe ou couverte en plusieurs angles...
Et les sons :
réverbération
chœur de femmes
nouvelles radiophoniques
chants
exagération des perspectives...

***

Factuel. Apparemment.
35 mm, couleurs et n.& b., 95 minutes 9 secondes, 1969
Tournage : Du 5 avril 1967 au 5 juin 1967, sur la Côte Nord, à Saint-Hyacinthe et à Montréal
Coût : 150 000 $
Titres de travail : Chant premier
***

Le cinéma dans la ville. La ville en cinéma.
Penser à l'expérience de la rue Saint-Laurent du sud vers le nord :
Le Vieux-Montréal
Le Quartier Chinois
Le Centre-Ville
Un plan séquence ininterrompue en voiture de quelques coins de rues :
plusieurs époques, plusieurs cultures.
Recréer les fractures par les textures uniques aux différents support audiovisuel :
vidéo, pellicule 8mm, 16mm, 35mm multipliés par la couleur et le noir et blanc.
Croc Blanc a.k.a. du faire louper

vendredi, juin 02, 2006

Journal de bord : Gilles Pelletier, page 6

Direction de la photographie

Pour la partie entrevue, travailler une lumière blanche, image voilée.
Revoir Moloch et Le Soleil de Sokourov pour le sfumato, une certaine froideur enveloppante.

Montrer l'homme vieillissant, mais aussi le mythe.
Un Zeus sur son trône, vers la fin de son règne, qui témoigne de ses conquêtes et ses échecs. La part de l'homme en un Dieu ; vice et versa.
***
Inspiration de fragilité

Picasso - Acrobate et jeune arlequin, 1905

Croc Blanc a.k.a. Cha cha cha du loup

jeudi, juin 01, 2006

Je ne sais toujours pas...

Heille, les trois ou quatre lecteurs, vous n'auriez pas des films à suggèrer ?

Croc Blanc a.k.a. qui attend des proies